La collaboration est un si noble objectif. On entend des anges faire résonner leur harpe, on devine les larmes couler sur les joues dodues des parents fiers et souriants, on voit les arbres pousser là où il n’y a que de l’asphalte tellement c’est une belle vertu.
Mais, le système collégial est contre. La machine veut qu’on distingue le blé de l’ivraie, le doué méritant du cancre errant. Pour y arriver, on n’a pas trouvé meilleur moyen que récompenser l’écart à la moyenne. La fameuse cote R repose en effet sur ce principe simple : plus un étudiant est au-dessus de la moyenne, plus facile sera son entrée à l’université. Un élève sera plus facilement admis si la moyenne de sa classe est plus basse, l’écart-type petit et son succès retentissant. Alors, pourquoi aiderait-il celui qui a de la difficulté ? Si une culture d’entraide venait réellement à se développer, inévitablement, les notes se rapprocheraient les unes des autres jusqu’à, dans un parfait modèle coopératif, devenir toutes identiques.
On a beau souhaiter la collaboration, là où la concurrence est reine et l’échec de son pair est implicitement souhaité, elle ne sera jamais atteinte. Si on veut développer la coopération au niveau collégial, il faut repenser les critères d’admission à l’université. Sinon, on fait semblant, on accumule les jolis sourires pendant qu’on met les pieds dans la merde.
Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles du Collège Sainte-Anne.