En janvier 2016, le projet embryonnaire de faire un voyage où le vélo serait mis de l’avant se développait en simple idée pour ensuite être officiellement présenté aux élèves et aux parents intéressés en septembre 2016. Un an et un mois, après de nombreuses séances d’entraînement intenses dans les escaliers du collège, en spinning et plusieurs sorties préparatoires au Mont-Royal, dont une sortie de trois jours en Estrie, nous voici rendus en sol vietnamien et laotien sans vraiment le réaliser.
L’éducation est souvent associée à l’apprentissage de notions, de règles et de théories, mais surtout, à la capacité de rétention des élèves. Ainsi, de nos jours, on a souvent tendance à mettre de côté les expériences vécues pour laisser place à l’évaluation et aux tâches à produire et à remettre. Pourtant, après 10 jours de vélo tous avaient réussi des ascensions plus qu’importantes, considérant le dénivelé, la distance à parcourir, la chaleur, et ce de façon répétitive tous les jours. De plus, tout cela agrémenté de rencontres inoubliables, d’anecdotes et de moments privilégiés à découvrir une culture complètement différente… qu’est-ce qu’on retient d’une telle expérience ?
Dans l’angle de l’enseignant qui a observé ses élèves progresser tout au long du périple, je retiens qu’on pense souvent que les élèves en retirent beaucoup de leurs enseignants, et c’est certainement vrai, mais on sous-estime trop souvent l’impact positif que ces jeunes nous lèguent. De les voir se lever à tous les matins, avec des courbatures musculaires, articulaires, avec des nausées, maux de tête, étourdissements, fatigue, manque de sommeil, et ce sans jamais se plaindre pour autant. De constater que même dans une situation d’inconfort profonde, ils se sont serré les coudes et ils ont affronté l’adversité du mieux qu’ils pouvaient. Ils ont compris que la force du groupe allait certainement aider chacun d’entre nous à atteindre notre objectif commun… Celui de simplement terminer chacune des journées. Le dépassement de soi et la vie de groupe en milieu hostile, on n’apprend pas ça sur les bancs d’école.
De plus, de les voir évoluer en s’émerveillant devant cette nature plus grande qu’eux, mais surtout de constater qu’ils réalisent la chance qu’ils ont de s’imprégner de cette beauté. Qui a dit que nos jeunes ne s’intéressaient plus à la nature ? Quoique ce ne soit pas donné à tous de vivre en groupe et de penser au groupe avant de penser à ses propres intérêts, nos élèves ont réalisé la chance qu’ils ont au quotidien. L’abondance qui leur est offerte à tous les jours, souvent pris pour acquis. Ils ont réalisé que les gens de là-bas n’ont pas grand-chose, mais qu’ils ne sont pas malheureux pour autant.
Enfin, comme j’ai déjà entendu dans une conférence sur l’éducation, « À l’école, ceux qui échouent, c’est ceux qui oublient avant l’examen. Ceux qui réussissent, c’est ceux qui oublient après l’examen ». Alors que l’école c’est en majeure partie la capacité de retenir et de se souvenir des notions apprises, c’est quand même curieux de constater qu’on oublie souvent nos apprentissages. Par contre, chose certaine, on n’oublie jamais les expériences vécues ainsi que les gens avec qui nous les avons partagées, ça fait partie de nous. Monter des « côtes » sur plusieurs kilomètres avec des dénivelés aussi importants dans des conditions inhabituelles c’est en soi une très belle expérience, mais dans l’angle de l’enseignant, c’est de les avoir vécues et partagées avec les élèves qui les rendent encore plus mémorables. Ce que j’aimerais que l’on retienne de ce long processus, c’est que l’effort, la persévérance et l’attitude positive ne garantissent pas la réussite, mais que sans ces éléments, le succès est impossible.
Pour conclure, je tiens à vous remercier, chers élèves, de m’avoir permis d’être témoin de ce dépassement de soi de votre part et de votre ouverture à l’adversité, c’est ça qui me permet de carburer et de continuer à vouloir développer d’autres projets aussi audacieux. Un énorme merci aux parents pour la confiance que vous témoignez en vos enfants en les laissant partir à l’aventure, et ce, malgré tous les risques qu’un tel défi propose. Je suis également très reconnaissant et je vous remercie énormément de toute la confiance que vous nous avez témoignée pour la responsabilité de ce que vous avez de plus précieux au monde… vos enfants. Merci à Jasmine G. Laparé pour toute son implication et son enthousiasme. Merci à Diane Langlois d’avoir accepté de relever ce défi en plongeant les yeux fermés pour m’accompagner et aider le groupe à réaliser le défi. Merci à François-Xavier de nous permettre de mettre en œuvre et en pratique les idées folles qui me passent par la tête. Merci aussi à Mme Dubé pour son appui indéfectible et toute son organisation en support à ce projet. Et finalement, un remerciement particulier à Mme Julie Dubois d’accepter et d’oser aller de l’avant avec les projets que je propose !