Je ne crois pas à l’enseignant distant. Je me sens choyé d’enseigner dans un petit établissement. Je peux avoir une relation intime avec mes élèves. Certains, j’aurai le plaisir de voir évoluer à travers 5 ou 6 cours en deux ans.
Je m’adapte alors, tout naturellement. J’apprends à les connaître, et avec cette proximité se développe une forme d’intimité. Je peux m’exciter d’un nouveau succès accompli qui aurait pu passer inaperçu dans un autre contexte d’enseignement, par exemple. Je peux aussi donner à chacun de mes étudiants des défis uniques, à la mesure de leurs capacités et désirs. Cette intimité pédagogique est aussi possible parce que je m’expose. Oui je parle de moi. De mes peurs. Des efforts que je fais. De ma grand-mère et de son impact sur moi. Du temps que j’ai pris pour préparer un cours. J’ai pleuré en cours en parlant du suicide de mon meilleur ami. J’ai été ému d’une musique devant eux. Ils me savent humain, sensible.
Quelque part entre la témérité et le courage, je me sens capable de m’exposer ainsi. Il s’en dégage un grand respect de la part de mes étudiants. Mais surtout, en m’affichant ainsi, je sanctionne l’existence même de la vulnérabilité.
J’ai amené ma chienne Charlie dans mes cours depuis le début de l’année. Et quand elle est décédée en novembre, des étudiants m’ont offert une carte de condoléances qu’ils avaient chacun signée. Ils me savaient touché, et je l’ai été aussi de leur attention.
La vulnérabilité est une autre compétence proprement humaine qui vient donner la pertinence de l’humain dans sa coexistence des machines intelligentes de demain.