Devoirs et stratégies d’étude efficaces

Les recherches récentes démontrent que les devoirs, comme nous les connaissons, n’ont pas d’impact sur la réussite des élèves.

EN EFFET, IL EST DIFFICILE D’ÉTABLIR L’EFFICACITÉ DU TRAVAIL À LA MAISON. EN REVANCHE, PLUSIEURS ÉTUDES INDIQUENT QUE LES ÉLÈVES COMPRENNENT BIEN MIEUX LE TRAVAIL QU’ILS EFFECTUENT EN CLASSE.

La pratique est essentielle aux apprentissages durables et profonds. Dans un modèle d’enseignement traditionnel magistral, elle se déroule généralement davantage à l’extérieur des cours. Or, la pratique des devoirs, en mathématique notamment, s’avère bénéfique surtout pour les élèves forts. L’exercice de la compétence disciplinaire devrait se faire principalement en classe, accompagné de la rétroaction de l’enseignant et de l’apport des pairs, car une pratique non accompagnée réduit davantage l’écart entre les élèves performants et organisés et les autres.

Les activités pratiquées pendant les temps libres sont aussi importantes pour le développement des jeunes. Elles constituent des formes d’apprentissage informel et contribuent fortement à la réussite et à la motivation scolaire.

Quelques constats

Diverses expériences ont été réalisées ces dernières années en ce qui a trait aux devoirs. Voici quelques-uns des constats qui en ressortent.

  • Les élèves du secondaire et du collégial qui consacrent une heure par jour aux devoirs ont de meilleurs résultats que ceux qui y consacrent quatre heures.
  • Au primaire, les devoirs n’ont pas d’impact sur la réussite des élèves, mais ils ont un effet négatif sur leur motivation.
  • L’impact des activités hors classe sur la réussite et la motivation des élèves est plus important que la pratique des devoirs.
    Les devoirs influent sur l’humeur des élèves, surtout des petits. L’étude doit être perçue comme une activité agréable ; apprendre doit susciter l’intérêt. Or, les devoirs, comme nous les connaissons, sont souvent répétitifs et peu stimulants.
  • Les devoirs peuvent nuire à la relation entre les parents et l’élève faible et peu autonome. Évidemment, les parents souhaitent aider leurs enfants, mais ils n’ont pas toujours la compétence pour le faire.
    Souvent, les devoirs deviennent un élément punitif :
    « Si tu ne fais pas tes devoirs, tu ne pourras pas jouer avec tes amis. »

Quelques questions à se poser

Devant ces constats, voici quelques questions à vous poser avant de proposer une tâche à faire à la maison :

  • Comment faire pour que le travail à la maison devienne un élément qui contribue à la réussite de l’élève et qui l’aide à développer son autonomie et de bonnes méthodes de travail ?
  • Surtout, comment faire pour qu’il contribue à la réussite des plus faibles ?

COMMENT ENTREVOIR LES TÂCHES À FAIRE À LA MAISON

  • Tâches courtes (de 10 à 15 minutes)
  • Rappels espacés de la matière vue en classe
  • Tâches stimulantes
  • Tâches amusantes (surtout chez les petits)
  • Tâches différenciées

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CE QU’UNE TÂCHE À FAIRE À LA MAISON NE DEVRAIT PAS ÊTRE

  • Longue série d’exercices répétitifs
  • Pratique d’une matière nouvelle
  • Étude en masse (révision ou mémorisation d’une grande quantité de contenu)
  • Problème ou défi trop difficile

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EXEMPLES DE TÂCHES À PROPOSER

  • Activités de récupération, de réactivation, plutôt que de répétition
  • Bilan de cours sous forme de questions, de capsules, d’un schéma, d’un dessin, de fiches aide-mémoire
  • Visionnement de courtes vidéos qui mèneront à une pratique en classe (classe inversée)
  • Courte lecture préalable
  • Jeu

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CE QUE DIT LA RECHERCHE SUR LE FONCTIONNEMENT DU CERVEAU

  1. APPRENDRE, C’EST CHANGER SON CERVEAU.

    Les neurones qui s’activent ensemble se connectent ensemble ; le cerveau contient environ 85 milliards de neurones ; un neurone est connecté à quelque 10 000 autres.

  2. L’APPRENTISSAGE EST BASÉ SUR L’EXPÉRIENCE.

    On apprend mieux en faisant. La pratique est essentielle.

  3. LE CERVEAU APPREND MIEUX LORSQUE PLUSIEURS SENS SONT SOLLICITÉS.

    L’encodage est alors multiplié. Ne négligez pas l’utilisation de stimuli visuels, auditifs, kinesthésiques, etc.

  4. LA QUALITÉ DES RAPPORTS HUMAINS, LE SOMMEIL, L’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET UNE BONNE ALIMENTATION ACTIVENT L’APPRENTISSAGE.

    Lorsqu’on dort et qu’on fait du sport, les neurones se connectent exactement comme quand on apprend. Les moments de pause ainsi que la pratique d’activités physiques sont donc importants dans l’apprentissage.

  5. LES NEURONES SONT PLUS ACTIFS EN PRÉSENCE D’ÉMOTIONS POSITIVES.

    Le plaisir et le sentiment de compétence ne sont pas à négliger, bien au contraire. D’ailleurs, s’il est bien accompagné et outillé, l’élève réussit mieux s’il est face à des défis complexes.

  6. LES PAUSES AINSI QUE L’ESPACEMENT SONT NÉCESSAIRES À L’APPRENTISSAGE.

    Une surcharge tout comme le surapprentissage (révision massée) lui sont nuisibles :

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  7. LA ZONE DU CERVEAU AFFECTÉE PAR LE STRESS EST AUSSI CELLE SOLLICITÉE LORS DE LA CONCENTRATION.

    Si un petit stress est bon, un grand stress paralyse les fonctions d’apprentissage dans le cerveau.

  8. LES MÉTHODES D’ÉTUDE QUI FONT APPEL À LA STRATÉGIE SONT PLUS EFFICACES QUE LA RÉPÉTITION.

    Les stratégies interpellent la mémoire à long terme, tandis que la répétition sollicite la mémoire à court terme. La réactivation (évocation) est souhaitable.

  9. UN CONTENU DOIT ÊTRE RÉACTIVÉ À DE NOMBREUSES REPRISES.

    De 8 à 12 fois, selon les différentes recherches et de façon espacée afin de devenir un apprentissage durable.

  10. LA LIMITE DE MÉMOIRE DU CERVEAU EST DE 7 ± 2.

    Étudier ou apprendre un contenu trop important ne permet pas au cerveau de tout assimiler.

Les stratégies et leur efficacité

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Sources

Comment étudier ?, Webinaire du 10 mai 2016 de Steve Masson
https://vimeo.com/166054137

Devoirs et méthodes de travail efficaces : ce que dit la recherche
http://www.educavox.fr/formation/analyses-27/article/devoirs-et-methodes-de-travail

L’évaluation… ça compte!, n° 7, 2014 – CMEC
http://cmec.ca/454/Apercu.html

Les neuromythes constituent un obstacle au changement dans le domaine de l’éducation.
http://www.cea-ace.ca/fr/blog/steve-masson/2013/11/2/les-neuromythes-constituent-un-obstacle-au-changement-dans-le-domaine-de