En 1951, Isaac Asimov publiait Ce qu’on s’amusait, une nouvelle satirique, qui deviendra un classique de la littérature américaine. On y raconte qu’en l’an 2155, Margie et Tommy trouvent un livre, objet inusité, qui décrit l’école des siècles précédents. Celle-ci est bien différente de la leur, qui se déroule à la maison avec un enseignant mécanique, muni d’un grand écran doté de fentes pour remettre les devoirs. La petite rit à l’idée qu’un humain puisse leur enseigner – comme s’il savait autant de choses qu’un robot! Vous voyez l’ironie qui a fait sourire les élèves de 2e secondaire dans leur cours d’anglais en janvier! Mais, l’histoire se termine sur une note nostalgique. Margie pense aux élèves qui s’amusaient ensemble à l’école et soupire en disant : « Comme les enfants devaient aimer l’école au bon vieux temps! Comme ils devaient la trouver drôle… Oui, en ce temps-là, ce qu’on s’amusait! »
Au Collège Sainte-Anne, la technologie est au service de l’apprentissage depuis bientôt 20 ans. C’est dans une situation comme celle que nous vivons présentement que nous réalisons à quel point, en plus de tous ses autres impacts sur la société, la technologie augmente l’accessibilité à l’apprentissage quand on ne peut pas être ensemble en salle de classe. Cela dit, si l’intégration des technologies en classe est un défi pour les enseignants, le passage vers un enseignement exclusivement en ligne comporte aussi son lot de complexités.
Nos enseignants relèvent ce nouveau défi avec tout autant de considération pour le bien-être des élèves que d’habitude en salle de classe. Ainsi, parce qu’on se soucie de l’impact de cette isolation sociale sur les apprentissages que feront nos élèves, on trouve des moyens de collaborer entre collègues pour remanier nos planifications de cours. On se fait des visioconférences avec Whereby, Zoom, Google Meet, Skype et Teams entre nous pour maintenir un service de base aux élèves, voire rigoler un peu ensemble. Après tout, nous aussi, nous avons besoin de briser cet isolement social.
Mais comment garder « l’effet prof » dans un cours en ligne?
Certains enseignants partagent leurs consignes et contenus sur les plateformes et invitent les élèves à des heures de bureau virtuelles sur vidéoconférence Whereby. Marie-Pierre Bédard, prof de maths en 2e secondaire, ajoute : « Si ça vous tente aussi, venez donc me dire un beau bonjour 😉 même si vous n’avez pas de questions. » Elle s’amuse aussi à jouer de la musique en introduisant ses capsules vidéos de théorie ou de correction pour montrer que le contact humain, c’est important. D’autres enseignants sont à monter une chaine YouTube pour partager des tranches de vie à la maison et garder un contact socioaffectif avec les élèves.
C’est aussi l’occasion d’enregistrer de courtes vidéos en utilisant Screencast-O-Matic ou Screencastify pour que les élèves nous voient la binette. On peut ainsi donner et partager de brèves explications de tâche à accomplir ou modéliser un concept. On n’essaie pas de tout rendre parfait, sinon, ça deviendrait trop lourd. Quelle qu’elle soit, la vidéo nous donne l’occasion de maintenir un lien humain.
Il y a aussi l’appui qu’on souhaite donner aux élèves avec plus de défis. Par exemple, une enseignante prend la photo d’un examen écrit et corrigé à la main et l’envoie à ses élèves en difficulté pour, ensuite, planifier une visioconférence afin d’en discuter.
« L’effet prof », c’est aussi savoir que les élèves ont besoin d’interagir, même à distance. C’est pour cela que nous misons sur les outils de collaboration en ligne.
Et, disons-le, nous nous ennuyons de nos élèves! Nous préférerions être ensemble à l’école. Ce qu’on s’amusait! Mais, en attendant, nous maintenons « l’effet prof » en ligne. Et vous, quelles sont vos idées pour maintenir « l’effet prof » à distance?
Jasmine St-Laurent