Avez-vous des questions?

Je ne comprends pas pourquoi les étudiants hésitent à poser des questions.

Ils n’ont pourtant pas honte de ne pas comprendre. Quand ils sont dépassés, ils lèvent la main et déclarent sans hésiter : « Ça marche pas! », « C’est pas clair. », « Je ne comprends pas. ». Mais quand je les regarde dans le blanc des yeux et je leur demande s’ils ont des questions : silence. Au moment de l’explication, ils acceptent tout sans mot dire.

Parfois je fais exprès pour être flou, mais non. Ils acceptent de ne pas comprendre jusqu’au moment précis où ils auront besoin de comprendre. Je leur dis de mettre un flafouche de farine dans la sauce, ils ne questionnent pas. Devant le chaudron, le jour de l’examen, ils me demanderont en chœur : « Monsieur, c’est quoi une flafouche ? »

J’ai l’impression que la confiance aveugle à l’accès à la connaissance, au bout du clavier et de Wikipédia, a développé un réflexe de mise en veilleuse du doute. Suspension of disbelief at the next level.

J’aimerais comme professeur trouver des moyens de faire saisir l’occasion de comprendre avant l’urgence de l’utile. Peut-être que c’est pour ça que la mise en pratique est devenue nécessaire en fait. Sans elle, la connaissance comme l’incompréhension ne semblent avoir aucune valeur.

Est-ce que vous avez des questions ?

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles du Collège Sainte-Anne.