La personnalisation ne devrait pas attendre l’intelligence artificielle

Un des futurs que nous annonce l’IA est la personnalisation de l’enseignement. Les logiciels pourront calibrer la vitesse et la profondeur des apprentissages selon les désirs et capacités de chacun des étudiants. Cet avenir est prometteur : typiquement, nous avons tendance à enseigner avec un débit médian-lent pour rejoindre le plus d’étudiants possible. L’IA nous permettra d’en échapper moins par ennui ou étourdissement.

Nous avons bien une deuxième vitesse au Collégial, ça s’appelle les mesures d’aide. Réservées aux seuls étudiants dûment diagnostiqués, et pour les examens seulement, ces mesures permettent généralement d’avoir recours à un correcticiel, d’avoir entre 25 % et 50 % plus de temps selon la condition, et avoir des écouteurs pour s’isoler avec de la musique au besoin.

Ce traitement privilégié m’agace. Si j’ai un étudiant qui a le moral bas le jour de l’examen, une douleur au ventre, ou un deuil d’une relation à négocier, il n’aura pas de billet du psychiatre de service. Pourtant, objectivement, il devrait ce jour-là avoir droit aux mesures d’aide. Il en va ainsi pour tous ceux qui sont non identifiés, mais souffrant quand même d’un défi quelconque d’attention.

Je préfère concevoir mes examens pour que chacun puisse bénéficier du temps supplémentaire réservé aux diagnostiqués, permettre les écouteurs et quand je peux les correcteurs. Ensemble, dans la même classe, en même temps. La personnalisation, c’est avant tout accepter la différence et lui donner la place pour s’exprimer.

L’IA fait rêver. Mais pas besoin de l’attendre pour en être inspiré.

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles du Collège Sainte-Anne.