Si j’avais su, j’aurais pu…

Lorsque je suis passée d’enseignante à directrice, j’avais le sentiment d’avoir été une très bonne enseignante.

Or, après avoir vu tant de bonnes pratiques chez d’autres enseignants, lu tant de choses, avoir réfléchi davantage, je réalise aujourd’hui que j’étais en fait bien ordinaire. Mais comme tout le monde, je faisais de mon mieux et j’étais bien intentionnée. On me disait même très créative.

Cependant, il y a tellement de petites choses simples que j’aurais pu faire différemment et qui auraient amélioré ma relation avec les élèves, leur motivation, la pertinence de leurs apprentissages et qui auraient eu beaucoup plus de sens pour eux.

Avec le recul, je me dis qu’il y a 3 raisons pour lesquelles je n’ai pas appliqué certains changements à cette époque :

  1. Je ne savais pas — je ne lisais pas autant, je n’avais pas accès à l’information comme aujourd’hui — on ne me guidait pas — je ne prenais pas suffisamment de temps pour nourrir ma bibliothèque interne.
  1. J’étais toute seule — je ne partageais pas de planification avec d’autres collègues, n’avais jamais la chance de confronter mes idées avec des gens qui auraient pu me challenger.
  1. J’ai perdu le nord sur ma boussole — en début de carrière, mes intentions étaient de générer chez mes élèves du plaisir à apprendre, de les aider à découvrir leurs forces, à construire leur confiance et leur estime, d’offrir à chacun une place toute particulière, d’accorder une attention spéciale à ceux et celles qui ne resplendissaient pas.Vous ai-je dit que j’ai détesté profondément mon adolescence et mon passage au secondaire ?

    Puis, un jour, j’ai un peu perdu le nord sur ma boussole – je ne me suis pas retrouvée complètement au sud, mais un peu comme au nord-ouest, genre… C’est-à-dire qu’à un moment, mon intention s’est transformée en cela : respecter une planification que je croyais efficace, une planification qu’au fil des années, j’avais moi-même chargée, moi-même enrichie, moi-même compressée avec une somme importante de contenu de base.

Et ça, ce n’est pas très passionnant, il n’y a pas beaucoup de bonheur là-dedans.

Voilà pourquoi mon travail à l’innovation pédagogique me tient tant à cœur.

Je n’ai pas la science infuse, mais je sais aujourd’hui que j’aurai toujours du plaisir à apprendre et à partager. Au fond, c’est ça, la pratique réflexive, faire au mieux POUR les élèves, en gardant en tête notre nord. Et c’est ce que je souhaite à tous les enseignants qui m’entourent, afin qu’ils puissent regarder en arrière avec un sentiment d’accomplissement.